Geplaatst op: 2009-05-05 , Laatste bewerking op: 2016-08-31
La semaine était surprenante et riche en expériences, dans tous les sens. Il y avaient des campeurs sur le terrain de camping qui profitaient d'une tranquillité absolue, des "habitants" dans la caravane et dans l'appartement La Talle, de la famille venue des Pays-Bas pour nous aider, et des pèlerins qui ont fait étape à La Grosse Talle.
Deux de ces pèlerins nous ont particulièrement marqués, pour des raisons diverses. Voici leur (et notre) histoire.
D'abord il y avait Fanny, qui arrivait sur un vélo vétuste et peu adapté à la lourde tâche de transporter cette Belge d'une vingtaine d'années à travers La France. Elle était partie du cocon familial pour aller là où le vent l'emportait. A la recherche de "véritables rencontres", de la paix et de l'espace - et sans doute d'un bon plan pour son avenir. Dans ses propres mots, elle était partie pour trouver un endroit où il n'y aurait aucune contrainte.
Partie sans plan et sans argent, elle nous a aidé à dégager des mauvaises herbes en retour d'un séjour gratuit, comme c'était la coutume autrefois, quand les pèlerins n'avaient pas d'agenda, et pouvaient se permettre de rester aider sur les fermes et dans les cloîtres pour "payer" leur toit et repas.
Ce qui nous donnait le temps de parler longtemps, sur des sujets différents : le monde, la société (est-ce que c'est "eux" ou "nous" ?), sur oui ou non le choix pour une existence dans la marge de la société, ou pour une participation et le rôle qu'on peut jouer pour, à côté ou avec les autres. Sur la nécessité et la capacité de faire des compromis et sur le dépassement de ses limites. Autrement dit : de la matière à ruminer, pour elle et pour moi.
Et franchement, il y a de ces gens qui méritent toute la chance qu'on peut transmettre car ils en ont probablement besoin...
Ensuite arrive Harry, qui se demandait qui pourrait être cette Madame Bergman qui est mentionnée dans le petit guide de Saint-Jacques de Compostelle qu'il emportait...
Ce que Harry ne savait pas quand il est parti avec Jan faire des cours et prendre un café à Melle, c'est qu'ils étaient élèves du même lycée que Jan à Nimègue, et en même temps ! Au retour, ils chantaient l'hymne de leur école ; il y a des choses qu'on oubliera jamais !
Harry et Jan partageaient plus que seulement l'hymne de leur école, ils avaient tous les deux beaucoup à se dire. De plus, ils se ressemblent un peu - est-ce que c'est l'influence d'une culture commune ou juste un effet de hasard ? Sans doute un peu des deux, ce qui rendait la visite plus qu'intéressante.
Harry proposait également de rester un peu et de nous aider avec les travaux. Nous l'avons accepté avec grand plaisir : ensemble, nous avons travaillé à la préparation d'un mur dans le gîte que je voulais refaire avec un crépi de chaux/sable. Des heures et des heures de conversations intéressantes, ce qui allait de pair avec le volume de travaux à réaliser. D'ailleurs, Harry connaît très bien une amie de ma jeunesse, Esther Willems (cliquez ici pour voir des informations sur sa groupe de danse folklorique Bulgare) - le monde est vraiment petit, même à Sepvret !
Cette journée de récupération devenaient un séjour de deux jours de travaux et de conversations intenses. C'est toujours un grand plaisir de rencontrer quelqu'un dont on a l'impression qu'on le connaissait depuis longtemps, et avec qui il faut récupérer un grand bout de chemin !
Chacun est reparti sur son chemin. Les hôtes du week-end de retour à Paris après une superbe fête, mon frère Jack et sa famille de retour à leur maison après une semaine de travaux, les campeurs se sont ressourcés et repartis vers leurs destins plus dynamiques.
Harry est parti à pied, ce matin. Il a un long chemin devant lui : de Nimègue à Compostelle et le chemin inverse se fait en environ une an de marche. Une année d'introspection et de conversations. Un an de solitude sur la route mais jamais vraiment tout seul !
Et Fanny ? En route vers cet endroit unique où elle espère trouver un peu de repos sans contraintes. Nous espérons vraiment d'entendre d'elle un jour.