Geplaatst op: 2020-04-17 , Laatste bewerking op: 2020-05-11
Il y a 28 ans, nous avons signé le contrat de vente de La Grosse Talle... vingt-huit ans, presque l'âge que j'avais en 1992... Je ne sais pas si j'avais une idée de ma vie 28 ans plus tard, mais une chose est certaine : jamais, jamais j'avais pu m'imaginer de fêter cet anniversaire en confinement !
D'un seul coup, ça fait toute une vie en France ! Les filles grandissent, Jan vit avec nous depuis 17 ans déjà et tout ce qui s'est passé depuis toutes ces années...
Cette année, peut-être à cause du COVID19, je n'ai pas envie de vous raconter notre histoire, mais de réfléchir à l'avenir, à ce qui est devant nous. Quoique... peut-être pas non plus. Selon Øyvind Dahl, chercheur, les Malgaches voient l'avenir derrière eux, le présent aux doigts des mains à droite et à gauche (à peine visible) et le passé devant eux. Ce n'est pas l'homme qui bouge à travers le temps, mais le temps qui bouge à travers lui, qui l'attrape, un peu comme quand nous disons : "dans les semaines à venir" qui signifie que le temps est conçu comme un objet qui bouge alors que l'homme est stationnaire 1).
En d'autres mots : nous pouvons voir dont nous venons, nous pouvons voir le présent (mais à peine) et nous avons aucune vision sur ce qui est "devant" nous, sur l'avenir. L'idée me semble tout à fait intéressante dans une période comme celle que nous vivons à présent.
1) Dahl, Øyvind. « When the Future Comes from behind: Malagasy and Other Time Concepts and Some Consequences for Communication ». International Journal of Intercultural Relations 19, no 2 (mars 1995): 197‑209. https://doi.org/10.1016/0147-1767(95)00004-U.
La représentation du temps à travers l'endroit où se situent le passé, le présent et l'avenir est une belle métaphore pour la situation actuelle : nous connaissons notre passé, mais nous avons collectivement du mal à situer le présent entre passé et futur et il me semble évident que nous n'avons aucune vision sur l'avenir - car nous n'avons pas de yeux dans l'arrière de nos têtes.
Le confinement semble être une anomalie dans l'esprit de l'hospitalité, maintenant que nous ne pouvons pas accueillir des hôtes. Heureusement que nous pouvons rencontrer nos amis virtuellement ! Mais toujours est-il que dans cette période de Coronavirus l'essentiel de notre existence à La Grosse Talle est compromis : accueillir des inconnus, des voyageurs, des touristes, des gens en déplacement pour leur travail, des familles qui se rendent au Pays Mellois pour une fête de famille ou une cérémonie de diplômes à Saint-Maixent l'École, des pèlerins, ...
C'est dans cette optique que nous avons bâti notre vie à La Grosse Talle depuis 28 ans : même s'il est inspirant, enrichissant, agréable, extraordinaire de faire des travaux, d'améliorer les services, d'embellir le terrain, de grandir, d'apprendre, de prendre en photo et de publier en ligne, tout cela devient insignifiant s'il n'y a personne pour partager !
Vivement donc le déconfinement et la possibilité de vous accueillir - et d'accueillir ensemble cet avenir encore inconnu !